
À la NASA, Mme Maina utilise des modèles mathématiques et des produits de télédétection pour étudier l’impact du changement climatique sur l’eau, un emploi qu’elle a décroché après avoir postulé en ligne. Son premier champ d’études : les montagnes de l’Asie, sensibles au changement climatique, car plus d’un milliard de personnes dépendent de l’eau provenant de ces régions.
C’est le fait d’avoir grandi à Zinder qui l’a sensibilisée aux problèmes liés à l’eau. Les pénuries d’eau dans cette ville, l’une des plus grandes du pays, sont notoires, et le changement climatique ne fait que les aggraver, estime la scientifique nigérienne.
Enfant, elle a été marquée par le nombre de foyers qui n’avaient pas l’eau courante. Les familles envoyaient leurs filles puiser de l’eau dans un lac ou en acheter à des voisins qui avaient un robinet.
Selon Mme Maina, ce n’est pas par hasard que cette corvée tombe sur les filles.
« Les gens pensent que les garçons devraient aller à l’école ou travailler et que les filles devraient trouver de l’eau et revenir faire la cuisine et le ménage », résume Mme Maina. Cet état de fait a nourri sa volonté de réussir. « [Les filles] n’ont pas le temps d’aller à l’école, s’indigne-t-elle. L’éducation des filles est un problème de plus qui découle du changement climatique — je l’ai constaté. »
Elle a obtenu une licence en ingénierie géologique à l’université de Fès, une maîtrise en ingénierie et sciences de l’environnement à l’université de Strasbourg, et un doctorat en hydrologie décerné par cette même université. Elle parle français, anglais et haussa.
Mme Maina estime avoir de la chance. Comme ses parents avaient l’eau courante, elle a pu se concentrer sur ses études. Mais elle a encore en tête l’image des filles, plus d’une quarantaine à la fois, qui faisaient la queue devant chez elle, un seau à la main, surtout pendant la saison sèche sous un soleil de plomb. Dès son plus jeune âge, elle a voulu faire bouger les choses. Avec le temps, elle s’est rendu compte que des problèmes liés à l’eau sévissaient partout dans le monde et que la NASA lui permettrait de s’y attaquer à l’échelle mondiale.
La voie à suivre n’a pas toujours été évidente, avoue-t-elle. « Je voulais contribuer à résoudre les questions liées à l’eau, mais je n’avais pas réalisé qu’il fallait avoir un doctorat et travailler dans le domaine scientifique. »
Avant de rejoindre la NASA, Mme Maina a accumulé plusieurs distinctions. Elle figure au classement prestigieux des 30 scientifiques de moins 30 ans* que publie la revue Forbes pour ses recherches postdoctorales au Lawrence Berkeley National Laboratory, en Californie. (Forbes est un magazine économique américain qui couvre les sujets de la finance, de l’industrie, des investissements et du marketing. Les lauréats de cette année ont été sélectionnés par un jury de quatre membres, experts dans des domaines scientifiques.)
« J’ai été stupéfaite quand j’ai vu ça », confie Mme Maina. Elle est habituée à voir des Nigérians figurer sur ce classement annuel, mais quelqu’un du Niger ? Non.
Elle ne devrait pourtant pas s’en étonner puisqu’elle a déjà fait tomber plus d’une barrière. Elle espère que son parcours montrera à ses compatriotes, en particulier aux femmes et aux filles, qu’eux aussi peuvent réussir.
« Je veux être une source d’inspiration », affirme-t-elle.